Chers frères et sœurs,

Seulement quelques mots en ce Noël 2020, si particulier que nous allons vivre. Particulier parce que c’est toute notre société qui se fatigue et s’épuise au fil des mois dans sa lutte contre la Covid 19. L’Église n’échappe pas à cette épreuve, bien évidemment ! Nous chrétiens, nous ne pouvons, me semble-t-il, vivre cette épreuve de l’extérieur. Nous ne pouvons ni la fuir, ni nous y dérober mais plutôt l’habiter dans la foi et l’espérance à la suite du Christ.

La fête de Noël et le mystère de l’incarnation de Dieu que nous allons célébrer prend tout son sens, car Il vient habiter parmi nous, planter sa tente au sein de notre humanité, inscrire son œuvre de salut au cœur de l’histoire humaine, de nos propres histoires, même troublées, éprouvées, contradictoires !

L’Archevêque de Bordeaux, Mgr Jean-Paul James introduit son message de Noël par cette anecdote que je trouve très intéressante : « Deux amis se parlent dans la rue : Je ne fêterai pas Noël cette année, dit l’un. Et pourquoi ? lui demande l’autre. Avec la crise c’est indécent ! ». Et l’Archevêque de poursuivre : « De mon côté, au contraire, en temps de crise, je suis plus désireux de célébrer Noël » !

Tout en intégrant les contraintes qui nous sont indiquées, dans un esprit de responsabilité irréprochable, fêtons, célébrons Noël, cette naissance imprévue, ce Dieu qui vient en prenant les traits d’un enfant, d’un nouveau-né ! Malgré les ténèbres qui ne manquent pas autour de l’Enfant Dieu, ni les incertitudes et les inquiétudes qu’elles suscitent, Il vient et rien ne semble pouvoir faire obstacle à sa venue parmi nous ! Il est la lumière que les ténèbres n’ont pu arrêter.

Un des fondements de notre espérance à Noël, c’est justement que Dieu n’a pas renoncé à son projet, à son dessein, à l’avènement de son Royaume malgré les incertitudes d’une époque qui n’était pas particulièrement favorable, dans cette région, avec la présence des Romains, les envahisseurs, et beaucoup de pauvreté et de troubles sociaux.

Les temps que nous vivons ne sont ni plus ni moins favorables que du temps de Jésus. Ils sont également marqués par l’incertitude beaucoup plus que par l’assurance de l’avenir. Mais c’est à l’intérieur-même de ces incertitudes que nous sommes invités à pratiquer et à vivre l’espérance chrétienne. La grotte sombre qu’évoquent nos crèches et les récits de l’évangile, ça parle en 2020 ! Marie et Joseph, ça parle aussi en ce Noël 2020 ! La lumière qui rayonne autour d’eux pour éclairer nos nuits humaines, elle vient de l’intérieur, des combats spirituels qu’ils ont vécus ; souvenons-nous des récits de l’Avent : « sois sans crainte » dit l’ange à Marie, parce qu’il y avait de quoi avoir peur d’entendre un tel message ! Et Joseph aussi pour accueillir Marie chez lui : « sois sans crainte, Joseph » ! Joseph a connu nos doutes sur les autres et nos peurs sur l’avenir. Ils ont connu le combat spirituel pour discerner la parole du Seigneur et lui faire confiance.

Oui, frères et sœurs, soyons heureux de célébrer la naissance du Seigneur venu apporter la

Lumière dont nous avons besoin, la communion au cœur de notre humanité, la paix et la réconciliation, susciter en nous l’attention à tous, aux malades, aux isolés, aux infirmes…

Dans le respect des gestes barrières et dans l’attention aux autres, je vous souhaite un Noël 2020 qui soit vraiment une Bonne Nouvelle !

+ Philippe MOUSSET
Evêque de Périgueux et Sarlat