En ce 3ème dimanche de l’Avent, jour de la messe des familles, le Père Charles Bernard a béni les santons de nos crèches familiales.

Vierge de l’attente

Sainte Marie, vierge de l’attente,
donne-nous de ton huile,
parce que nos lampes s’éteignent.
Vois, nos réserves se sont consumées.
Ne nous envoie pas chez d’autres marchands.

Allume à nouveau dans nos âmes les anciennes ardeurs qui nous brûlaient de  l’intérieur, quand il suffisait d’un rien pour nous faire tressaillir de joie : l’arrivée d’un ami lointain, le rouge du soir après l’orage, le crépitement de la bûche qui en hiver surveillait les retours à la maison, le son des cloches carillonnant les jours de fête, l’arrivée des hirondelles au printemps, l’arrondi tendre et mystérieux du ventre maternel, le parfum de lavande qui faisait irruption quand on préparait un berceau.

Si aujourd’hui nous ne savons plus attendre, c’est parce que nous sommes à court d’espérance.
Ses sources se sont asséchées.
Nous souffrons d’une crise profonde du désir.
Et, désormais satisfaits des mille succédanés qui nous assaillent, nous risquons de ne plus rien attendre, pas même ces promesses surnaturelles qui ont été signées avec le Sang du
Dieu de l’Alliance.

Sainte Marie, femme de l’attente, soulage la douleur des mères souffrant
pour leurs fils qui, sortis un jour de la maison, n’y sont jamais revenus, tués dans un accident ou séduits par les appels de la jungle ; dispersés par la fureur de la guerre ou aspirés par le tourbillon des passions ; engloutis par la fureur de l’océan ou bouleversés par les tempêtes de la vie.

Sainte Marie, vierge de l’attente, donne-nous une âme de veilleur.
Arrivés au seuil du troisième millénaire, nous nous sentons malheureusement plutôt fils du crépuscule que prophètes de l’Avent.

Sentinelle du matin, réveille dans nos cœurs la passion de fraîches nouvelles à porter à un monde qui se sent déjà vieux.
Apporte-nous enfin la harpe et la cithare, afin qu’avec toi, matinale, nous puissions réveiller l’aurore.
Face aux changements qui secouent l’histoire, donne-nous de sentir sur notre peau les frissons des commencements.

Fais-nous comprendre qu’il ne suffit pas d’accueillir, il faut attendre.
Accueillir est parfois un signe de résignation.
Attendre est toujours un signe d’espérance.
Rends-nous pour cela ministres de l’attente.

Quand le Seigneur viendra, ô Vierge de l’Avent, qu’il nous surprenne, grâce à ta complicité maternelle, la lampe à la main. 

Mgr Tonino Bello